Ateliers Jean Nouvel : l’architecte, le comptable et les millions envolés
%3Aquality(70)%3Afocal(2452x1581%3A2462x1591)%2Fcloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com%2Fliberation%2F7TAJC2XA4BH67JQTTWLGQRKI5I.jpg&w=1280&q=100)
C’est l’histoire d’un artiste français devenu star. Un homme qui a reçu en 2008 le prix Pritzker, une sorte de Nobel dans le domaine de l’architecture, qui a récompensé cette «insatiable envie d’expérimentation» dont il fit preuve tout au long de sa carrière. Celle de Jean Nouvel, il s’agit de lui, démarra vraiment quand la gauche lui confia le projet de l’Institut du monde arabe, pour se poursuivre vers tous les sommets, de Paris (Fondation Cartier, musée du Quai-Branly, Philharmonie…) à Abou Dabi (Louvre) en passant par Berlin, Barcelone, Sydney, Tokyo, New York… Une carrière où l’art de jouer avec la transparence n’était pas absent. Une œuvre où forcément le grand, pour ne pas dire le grandiose, réclame aussi un esprit épris du détail, un souci millimétré de la précision.
Ces qualités, l’architecte n’en a manifestement pas abusé dans la gestion de son «Atelier», puisque c’est comme cela que s’appelle son entreprise. «La lumière sans ombre n’existe pas», confia un jour Jean Nouvel à Libération. C’est à cette face cachée que s’est intéressée l’enquête de Libération, entre train de vie irraisonnable, entourage vérolé, repreneur miracle et coupable légèreté comptable de notre architecte en chef. Le parquet de Paris a demandé mi-décembre le renvoi en correctionnelle de plusieurs anciens salariés de l’Atelier Jean Nouvel, dont son ex-directeur administratif et financier. L’architecte n’est, lui, pas mis en examen, il y a échappé, mais a été placé sous le statut de témoin assisté. La justice évoque des fausses factures émises en très très grande quantité pendant des années, ainsi que des détournements d’argent «massifs». Jean Nouvel a longtemps plaidé le grand écart entre l’exigence artistique d’une discipline qui dilate espace et temps et les contingences terre à terre d’un tableau de comptes confié à d’autres. Un peu court. Et surtout dangereux pour continuer de flirter avec les sommets. Même nourri par «une insatiable envie d’expérimentation».
Libération