Au festival de Locarno, le cœur en quêtes

A l’extrême sud de la Suisse, à quelques brasses de l’Italie, le festival de cinéma de Locarno a ouvert sa 78e édition alors que s’élevait sur le lac Majeur une pleine lune mordorée qu’on imaginerait bien dans un de ces films d’anticipation lo-fi, analogiques, qui constituent l’un des versants du cru 2025. Et tandis qu’on apprenait, par un panneau publicitaire jouxtant la Piazza Grande, que les grands fauves – l’emblème du festival est le léopard – étaient de retour au zoo pour «d’impressionnants sauts», on se voyait remettre par une main anonyme un flyer «Don’t touch the screen», nous enjoignant à signer la pétition pour que le mythique écran des projections en plein air, conçu par l’architecte Livio Vacchini en 1971, soit remis en place et non remplacé (c’est le cas cette année) par sa version moderne, plus pratique et basique.

Sur la Piazza toujours, on pouvait apercevoir, accueilli en rock star, tout simplement Jackie Chan venu recevoir un Pardo d’honneur, tandis que de jeunes Suisses, ignorant tout de ce qui se trame ces jours-ci dans les salles sombres de la ville, se jetaient à l’eau comme si c’était leur dernier bain. Après quelques jours dans un festival, tout communique, tout s’embranche, même les choses qui tiennent le moins ensemble, les visions se confondent, l’été brûlant à l’extérieur de la salle se reflète dans le film le plus désiré de la sélection