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La folle nuit de DJ Snake, du Stade de France à Bercy, marque l’histoire de l’électro

La folle nuit de DJ Snake, du Stade de France à Bercy, marque l’histoire de l’électro

NOUS Y ÉTIONS - Le Français a enchaîné deux concerts samedi, réunissant près de 100 000 fans et quelques amis sur scène, multipliant les clins d’œil à sa carrière sans pareil.

« On vient d’en bas, on finit au Stade de France ». De sa chambre du Val-d’Oise, où il mixait il y a une quinzaine d’années, DJ Snake ne pouvait imaginer une telle soirée. L’artiste français le plus écouté au monde a comblé samedi soir l’enceinte de Saint-Denis avec une performance « historique pour la musique électronique », s’est-il réjoui sur scène. Car 80 000 personnes ont vibré sur les airs de Loco Contigo, Lean On, ou encore Magenta Riddim, parmi les tubes qui composent la discographie de DJ Snake.

Dans la foule, amateurs d’électro et fans du DJ sont venus de la France entière. Parisiens et Franciliens, bien sûr, terre natale de William Grigahcine, mais aussi Bretons - avec des drapeaux bien visibles au-devant de la scène -, Alsaciens, Nordistes, Sudistes… DJ Snake fait carton plein. Le public étranger s’était aussi mobilisé. Dans les travées du stade, le jaune poussin des maillots de football brésiliens donnait déjà la température, élevée et extrême, du concert. « Je sens que ça va être physique, mais je suis prêt, assure Hugo, originaire de Bourges. J’étais au Parc des Princes. C’était le meilleur show de ma vie. Aujourd’hui je vais en fosse ! » En 2022, DJ Snake avait mixé devant 63 000 personnes porte d’Auteuil. Valentine et Marine, qui accompagnent Hugo, sont tout aussi enjouées : « On l’écoute à chaque soirée. C’est notre artiste préféré. On vient ici et on enchaîne avec le Bercy juste après. »

Car en plus d’afficher « sold out » au Stade de France, DJ Snake a réservé l’Accor Arena de Paris pour la même soirée Il lui fallait trouver une solution de secours pour les malheureux membres de la « Snake Army », surnom donné à ses fans, qui n’avaient pu se procurer des places pour le Stade de France en 2023, toutes évaporées en moins de trois minutes. Alors, comment faire ? Une deuxième date ? Au micro d’HugoDécrypte cette semaine, le DJ a confié y avoir songé. Finalement, il a vu ses ambitions à la baisse : 20 000 nouvelles places ont été mises en vente pour un concert à Bercy organisé dans la foulée de celui du Stade de France. 100 000 personnes, au total, sont venues voir la star française de l’électro se produire de 19 heures à 6 heures le lendemain.

Le DJ français a invité en première partie de son concert les artistes Madeon et Tiesto. Le premier, musicien d’origine nantaise et fidèle compagnon de route de William Grigahcine depuis une dizaine d’années, a fait résonner les tribunes du Stade de France aux alentours de 18 h 50, et cela pendant une quarantaine de minutes. « C’est fou d’être ici, merci William », lance-t-il à la foule. Il monte sur le set, court à grandes enjambées sur la scène, s’amuse avec le caméraman. Il profite de cet « honneur » qui lui a été accordé. « C’est tellement un moment de folie pour la musique électronique en France », se réjouit le Nantais. Sa performance sur de l’électro « hard » et son remix de One More Time des Daft Punk laissent ensuite place, 15 minutes plus tard, à Tiesto. Le compositeur néerlandais, figure mondiale du genre, crée les premières secousses de la soirée. Il conquiert d’emblée le public français avec son entrée sur un remix de Non, je ne regrette rien d’Edith Piaf. Il poursuit avec une version alternative du titre très populaire du rappeur américain Kendrick Lamar, Not Like Us. Et joue quelques-uns des morceaux les plus emblématiques de la musique électronique. Il n’en faut pas plus pour inciter la fosse à se lancer dans ses premiers pogos.

Il valait mieux garder un peu d’énergie pour la suite. 21 heures sonnent. Le tant attendu DJ Snake fait enfin son entrée. Vêtu d’une veste en cuir noire, de lunettes de soleil rectangulaires, et arborant une teinture blonde - presque blanche -, le maître des platines se présente sur une scène bien pensée et agencée pour le show qu’il s’apprête à donner au public français. Sous les hurlements de la foule, il lance pendant près de cinq minutes un premier morceau assez calme. Jusqu’au « drop », quand la musique change soudainement de rythme. Des flammes émanent de derrière la scène, des pourtours de la fosse et du toit du stade. L’immense dispositif vertical disposé derrière lui dessine une roche. Un feu d’artifice accompagne le tout. Le mot « grandiose » ne serait que peu mélioratif pour qualifier cette entrée en matière. Le ton est donné. « Ce soir on va brûler Paris », lance Dj Snake. C’est un homme de parole.

Le DJ enchaîne ses titres emblématiques Loco Contigo et Taki Taki. Ne manquent que Selena Gomez et Cardi B sur scène. Cela est rapidement rattrapé par l’arrivée de Bipolar Sunshine, avec qui Snake interprète Middle, grand morceau de sa discographie. Il annoncera plus tard dans la soirée la parution la semaine prochaine d’une nouvelle collaboration avec cet artiste. À 22 heures, la Seine-Saint-Denis a ressenti des secousses inhabituelles au moment où ont été lancés Turn Down For What, titre qui a propulsé la carrière du DJ, et Disco Maghreb. Puis le rappeur Rim’k s’est présenté sur scène. Une quinzaine de minutes plus tard, dans un décor violet, et au milieu d’une foule en délire, DJ Snake a livré Lean On, titre sorti en 2015 et qui, à cette époque, était la chanson la plus streamée de tous les temps.

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Avec un public aussi motivé que celui de Saint-Denis, Dj Snake ne pouvait pas faire l’impasse sur son traditionnel « Mur de la mort », qu’il a emprunté à la culture rock-metal. Cette pratique consiste à séparer la fosse en camps qui se foncent dessus au moment du drop. « Ça peut être éventuellement dangereux, précise DJ Snake. Toutes les personnes fragiles, écartez-vous. Les filles aussi… » La foule grogne à la remarque. Le DJ rigole puis enchaîne. « Le titre est issu de mon prochain album, annonce-t-il fièrement. C’est le plus violent et le plus méchant de ma carrière. On va faire à Paris le plus grand mur de la mort de l’histoire. » Sur le géant panneau d’affichage, on peut lire ce message : « Si tu décides de participer à ce mur de la mort, c’est à tes risques et périls. » Message de décharge un peu vain : plusieurs spectateurs seront évacués par les secours dans les minutes qui suivront.

Après le chaos, DJ Snake a lancé, dans le noir complet du Stade de France, un remix de Pour que tu m’aimes encore de Céline Dion. Le stade s’illumine très vite en jaune, grâce aux bracelets fournis à l’entrée à chaque spectateur. La voix de la chanteuse québécoise, partiellement synthétisée, suffit à envoûter les 80 000 fans. Snake, lui, monte sur sa table de mixage et profite du moment, muet. Impressionné par l’engouement du public, il demande au « cher Stade de France » de lui « accorder 30 minutes de plus », même s’il doit « payer une amende ». Il lui accorde. Du moins, le DJ n’attend pas son approbation.

Le concert s’achève avec deux derniers invités. Gashi, qui vient accompagner DJ Snake sur Paris, dernier morceau de l’album Carte Blanche sorti en 2019. Le panneau géant derrière les deux artistes affiche l’Arc de triomphe, en bleu, blanc et rouge, comme sur la pochette du disque. Puis, c’est Kool Shen, cofondateur du groupe de rap Suprême NTM, qui vient clore la liste des invités. Et pour mettre un terme au plus gros concert de sa carrière, DJ Snake se devait de jouer l’un, si ce n’est, le plus gros morceau de sa discographie. À la première note de Let Me Love You, morceau avec Justin Bieber, le public se transcende. C’est le tube de Snake, artiste qui, selon Spotify, cumule 3,5 millions d’écoutes par jour. Dans les tribunes, un tifo géant est déployé. Il y est écrit « Merci William ».

DJ Snake (feat. Justin Bieber) - Let Me Love You (2016)

Les couleurs bleues et rouges font écho à la passion du DJ pour le Paris-Saint-Germain. Tout au long de la soirée, il n’a cessé de rappeler que le club de la capitale allait jouer la finale de la Ligue des Champions le 31 mai. « Ici, ici, c’est Paris », a-t-il répété plusieurs fois. Il a même remercié le président du club, Nasser al-Khelaïfi, d’être présent au Stade de France pour son concert. À ce tifo s’ajoute aussi la scénographie spectaculaire proposée par l’équipe de DJ Snake : flammes, feu d’artifice et jeux de lumières qui embrasent le stade. Malgré l’absence de Justin Bieber, qui n’a pas répondu à l’appel du DJ français, l’émotion est palpable. Snake fait des cœurs au public parisien et donne rendez-vous le 5 septembre, pour la sortie de Nomad, son prochain album.

« Qui est prêt pour le Bercy ? », lance-t-il enfin à la foule. Les mains se lèvent. La troupe s’ébranle. La « Red Army », armée de ses t-shirts à l’effigie de leur idole, de drapeaux français et de gobelets de bières, s’élance vers la sortie. C’est un parcours du combattant qui s’annonce. Qui pourra se vanter d’avoir assisté au Stade de France de DJ Snake et d’être arrivé à l’heure à son Bercy, programmé à minuit ? Peu de monde, étant donné que le premier s’est terminé à 23 h 30. La ligne 14 du métro parisien amène les passionnés vers l’« After Party ». Andreas, Harold et Pierre, originaires des Pyrénées, disent avoir apprécié « la scénographie, les jeux de lumières et la performance », de Snake lors de la première partie de son périple. « C’était tellement bien construit, on n’a pas vu le temps passer , remarque Harold. « Il y avait beaucoup d’émotions, poursuit Pierre, fan incontesté qui a déjà précommandé le nouvel album Nomad. Il a marqué l’histoire du stade de France à sa manière. » Pour l’Accor Arena, ils s’accordent sur le fait que ce sera « plus violent ».

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Effectivement, même si la salle paraît bien moins impressionnante, l’ambiance est digne d’une boîte de nuit. Un club géant de 20 000 places, où l’on retrouve les codes habituels. Bières, cigarettes, champagne, cocktails... La « Snake Army » ne ressemble plus à celle croisée à Saint-Denis. DJ Snake non-plus. Il arrive à 02 h 40, après les passages des DJ Boys Noize et Devault. Il remplace ses titres phares par des sons violents, plus adaptés à l’esprit club. On sent que Bercy est comme un sas de décompression. Sur scène l’ambiance est très familiale. Accolades entre artistes, remerciements. C’est un show plus personnel. Ça n’empêche pas le retour du « Mur de la mort ». Toutefois, on peut le voir comme une antichambre du sommeil. Il est 4 heures du matin, Le Figaro plie bagage, la « Snake Army » poursuivra la fête encore deux heures.

lefigaro

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