Sélectionner la langue

French

Down Icon

Sélectionnez un pays

France

Down Icon

Sexe, fashion et réseaux sociaux: vers le nouvel âge d’or de Versace ?

Sexe, fashion et réseaux sociaux: vers le nouvel âge d’or de Versace ?

À Milan, vendredi soir, pour la première fois dans l’histoire de la maison, ce n’était pas un Versace qui signait le défilé, mais un directeur artistique inconnu du grand public. Si les jours qui ont précédé son show laissaient planer le doute, Dario Vitale a réussi l’exploit de ressusciter l’esprit du jeune Gianni, haut en couleur et hypersexy.

Avant même que ne commence cette Fashion Week italienne, le mystère planait sur Versace. Si, historiquement, la maison est inscrite au créneau de vendredi soir, 20 heures, cette saison, nulle mention de sa présence au calendrier des défilés milanais. On s’interroge, on s’inquiète. Qu’en est-il de la première collection de Dario Vitale, le directeur artistique de 42 ans, nommé en mars dernier après le départ plus ou moins choisi de Donatella Versace? Certains prétendent que Versace est dans une position inconfortable vis-à-vis de son futur propriétaire, le groupe Prada alors que la signature n’est pas finalisée. Pour la bonne et simple raison qu’elle a débauché Vitale de la marque Miu Miu dans le giron de Prada en mars dernier alors qu’elle pensait encore être achetée par le groupe Tapestry (transaction qui a été bloquée peu après par l’antitrust américain). Le directeur artistique est-il parti en mauvais termes avec Miuccia Prada et Patrizio Bertelli? Sera-t-il menacé quand l’acquisition sera effective ? Va-t-on oui ou non pouvoir découvrir ce vestiaire du printemps-été 2026 ?

Les jours avançant, on finit par apprendre qu’une «présentation intime» aurait bel et bien lieu vendredi soir. Comme s’il ne fallait pas faire de vagues, rester low-profile ce qui est tout de même fort de café pour Versace qui n’a jamais été du genre «quiet luxury». Mais dans l’après-midi, sur son compte Instagram, la marque poste une image pour teaser l’événement. En l’occurrence un portrait (signé du photographe branché Tyrone Lebon) de Maia, une jeune femme transgenre ultra-musclée et blonde comme les blés (et comme Donatella), en gilet brodé sur peau nue, telle un centaure un peu dérangeant… et qui dérange plus d’un invité. Mais rien n’empêchera un fan de mode de se rendre à ce galop d’essai s’il a la chance d’être convié. D’autant que le rendez-vous est donné à la Pinacothèque Ambrosienne, une ancienne demeure privée qui abrite aujourd’hui une incroyable collection de chefs-d’œuvre de la Renaissance et du Baroque dont, apprendra-t-on par la suite, Le Caravage préféré de Dario Vitale. Il ne faut pas longtemps, le soir même, en arrivant sur les lieux, pour comprendre que la «présentation intime» n’est autre qu’un bon vieux vrai défilé et qu’il risque même de voler la vedette de cette semaine de shows milanais!

À lire aussi Fashion Week : comment le nouveau directeur artistique de Gucci a retourné les cœurs italiens en 48 heures

Passer la publicité

Au gré des étages et l’immensité de la Pinacothèque, le directeur artistique a fait ajouter des objets, des plantes, des sculptures, des fleurs, et des vestiges de vie comme si l’on avait habité ici. Des affaires de toilette et de maquillage sur un guéridon ; des magazines et une vieille radio au premier niveau ; de l’argenterie et le kit à lustrer sur la table à dîner; des feuilles de papier jauni, un téléphone et des cendriers posés dans le dressing ; au beau milieu d’une salle, un lit défait (les draps personnels de Vitale!), des tablettes de médicaments et une petite culotte abandonnée sur la moquette. Chacun cherche son siège dans ce dédale de pièces, submergé par cette atmosphère si particulière, entre installation d’art contemporain et mise en scène de cinéma à la Pasolini (le film de chevet du créateur est Théorème dont on entend d’ailleurs un extrait dans la bande-son). Enfin assis, le suspense est à son comble quand commencent les premières notes de la Sarabande...

Des couleurs vives, des pièces désirables, des accessoires à gogo... Versace

Pour moi, l’important, ce n’est même pas le sexe en soi, mais l’expérience du sexe, par ses odeurs, ses sensations tactiles et le souvenir qu’elle laisse le lendemain

Dario Vitale, directeur artistique de Versace

Que pouvait-on attendre de mieux que ces 46 silhouettes à l’énergie folle aussi éclectiques que la bande-son sélectionnée par Vitale principalement dans les années 1980 (Prefab Sprout, Ennio Morricone, Prince, Madonna, Eurythmics, etc.), qui marquent les débuts de la marque de Gianni Versace. La collection est bourrée de pièces désirables, des pantalons taille haute super ceinturés aux robes en jersey pour aller danser ; des blousons oversized en cuir aux vestes de survêtement de femme fatale ; des chemises imprimées vintage aux jupes en soie sérigraphiée à la Warhol... Les mix de couleurs de la tête aux escarpins sont on ne peut plus feel-good (un parme-vert chewing-gum-corail, un mauve-vert d’eau-bleu piscine). Certains garçons sont bodybuildés, les autres moulés dans leur jean à empiècement cuir. Vitale fétichise avec esprit l’esthétique gay dans le bouton d’un jean défait, dans les chaînes porte-clés accrochées à la ceinture, ou dans une robe au dos à moitié fermé laissant dépasser un slip d’homme à élastique à logo. Mais il sait aussi calmer le jeu d’un ensemble brassière et cycliste noir brodé d’or, d’un petit pull rouge noué à la taille très BCBG.

On retrouve ici la formule à succès de Miu Miu que Vitale a connue de l’intérieur, dans cette débauche d’archétypes (le pantalon capri, le cardigan pastel, le jean à rayures, le petit blouson, le débardeur, etc.) rendus cool par la magie du stylisme. Mais nous sommes nulle part ailleurs que chez Versace. En l’espèce, dans une version 2026 du jeune Gianni, incarné autant par des garçons que par des filles, très cool, qui veulent draguer, vivre et s’amuser. Pour le directeur artistique, le sexe est un moteur de vitalité et fait partie de Versace comme il l’explique aux journalistes, quelques minutes après le défilé: « Pour moi, l’important, ce n’est même pas le sexe en soi, mais l’expérience du sexe, par ses odeurs, ses sensations tactiles et le souvenir qu’elle laisse le lendemain. Je fais le parallèle avec mon expérience dans les archives de Gianni, où ce qui m’a touché, ce sont moins ses créations, que le sentiment de Gianni, le sentiment de cette marque, le sentiment de cet héritage.»

Un jeune Gianni version 2026, cool, flirty et bien dans ses mocassins Versace

Le designer qui a eu accès aux lettres personnelles du couturier calabrais, est un grand connaisseur de son travail. «Sans vouloir paraître offensant, tout le monde connaît Versace, c’est comme Coca-Cola, un monument de la pop culture. Et moi en particulier car ma mère était à l’époque une de ses plus grandes clientes. Elle ne ressemblait pas aux filles que j’ai fait défiler, mais j’ai voulu recréer cette idée de porter du Versace, avec tout, les chaussures, les sacs, le made in Italy, les mélanges de noir et de marron, l’attitude audacieuse, cette fougue très italienne, mais toujours maîtrisée. Chez Gianni Versace, il y a aussi une rigueur. » Durant la dizaine de minutes que Dario Vitale a très joliment expliqué ses inspirations et son cheminement créatif devant de nombreux journalistes, on pouvait entendre une mouche voler dans les étages de la Pinacothèque qui s’était vidée de ses invités. Ils avaient rejoint à pied, Peck, l’épicerie italienne où la marque avec beaucoup de générosité avait prévu des montagnes de plats et de spécialités à tomber... Les heures qui ont suivi les commentaires se sont multipliées sur les réseaux, certains ont applaudi cette fougue et ce sex-appeal retrouvé de Versace, d’autres ont trouvé l’exercice premier degré. Les mois à venir vont être passionnants à observer...

lefigaro

lefigaro

Nouvelles similaires

Toutes les actualités
Animated ArrowAnimated ArrowAnimated Arrow