Les Notes de l'Âme chez Armani Silos : « La musique, antidote aux distorsions. Elle a aussi sauvé nos âmes. »

Jusqu'au 28 décembre, leur musique guidera les visiteurs à travers les espaces des Silos Armani consacrés à l'exposition « Giorgio Armani Privé 2005-2025 », organisée personnellement par le roi Giorgio, insufflant une touche d'âme à ces pièces exquises, façonnées comme des rêves. Il s'agit du violoncelliste albanais Redi Hasa, également connu pour sa longue collaboration avec Ludovico Einaudi, du percussionniste iranien Bijan Chemirani et du pianiste franco-libanais Rami Khalifé (photo), réunis dans L'Antidote, dont l'album éponyme sortira vendredi prochain.

D’où vient un projet comme « L’Antidote » ?

Rami Khalifé : « Il y a cinq ans, Titti Santini de Ponderosa a eu l'intuition que nous pourrions bien travailler ensemble. Redi et Bijan se connaissaient déjà, mais je ne savais pas qui ils étaient. Cependant, le fait que nous soyons tous deux improvisateurs et que nous venions des Balkans et du Moyen-Orient a constitué un terreau fertile pour développer une collaboration et un album réussi. Après cette première expérience studio, nous avons fait une pause de quelques années, puis, en septembre dernier, nous avons repris l'enregistrement, en nous appuyant naturellement sur ce que nous avions déjà fait, mais avec un nouveau langage : deux ans s'étaient écoulés et nous avons pu explorer de nouvelles directions. »

Le 6 novembre, vous présenterez l'album à la Triennale sous l'égide de JazzMi.

Redi Hasa : « C'est un sentiment merveilleux pour moi, car nous venons en Italie et, d'une certaine manière, je joue chez moi. Rami vit à Sydney, Bijan à Marseille et moi à Lecce. Les Pouilles sont devenues notre point de rencontre, et pas seulement musicalement. »

L'autre soir, vous avez chanté en direct de Paris sur Arte.

Rami Khalifé : « Ce n'est pas vraiment un spectacle complet, mais un avant-goût de ce que nous proposerons au public. Disons, une entrée, un plat principal. Le buffet arrivera en tournée. »

Parlons du nom. « Antidote » à quoi ?

Rami Khalifé : « Le groupe est né pendant la pandémie. À une époque où tout le monde cherchait un antidote au Covid. Pour nous, la musique est assurément un autre antidote : un antidote aux distorsions du monde actuel, aux situations auxquelles nous cherchons à échapper, à une réalité que nous n'aimons pas, à la violence, aux guerres. La musique est une thérapie, un moyen d'offrir aux gens un moment d'évasion, d'espoir, quelque chose dont nous avons tous désespérément besoin. En fait, nous venons tous les trois d'expériences difficiles et, dès notre plus jeune âge, nous avons été confrontés au monde réel et à sa cruauté, perdant notre innocence très tôt. Redi et moi avons même dû fuir nos terres natales. Nous sommes convaincus que la musique nous a sauvés, nous et nos âmes. »

Quelle est la méthode de travail de L'Antidote ?

Redi Hasa : « Les chansons naissent de l'inspiration de l'un ou de l'autre, puis elles se développent grâce aux contributions des trois. Il y a un échange constant. »

Souhaitez-vous apporter l'expérience de ce Trio dans votre pays d'origine ?

Rami Khalifé : « Où que j'aille, c'est chez moi, car partout on rencontre des gens formidables, des âmes magnifiques. Bien sûr, pouvoir jouer devant notre public, devant les nôtres, serait merveilleux. Même si, en tant que groupe international, nous ne nous identifions pas à une seule réalité. La force du projet réside précisément dans le fait que nous puisons dans des sources si diverses et portons déjà en nous de nombreuses identités, créant un langage universel capable de toucher chacun. Nous souhaitons élargir nos horizons et être généreux avec la musique que nous créons. »

Andrea Spinelli