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Critique du film : Dans « Sorry, Baby », Eva Victor fait des débuts désarmants

Critique du film : Dans « Sorry, Baby », Eva Victor fait des débuts désarmants

« Sorry, Baby » d'Eva Victor est l'un des premiers films les plus palpitants de ces dernières années, écrit Jake Coyle, scénariste de l'Associated Press, dans sa critique.

La première chose que l'on apprécie dans le premier film extraordinaire de la scénariste-réalisatrice-star Eva Victor , « Sorry, Baby », c'est la façon dont elle, dans le rôle de la jeune professeure Agnès, essaie, sans succès, de cacher un rendez-vous avec son voisin.

Agnès vit dans une charmante maison de Nouvelle-Angleterre où sa meilleure amie et ancienne étudiante Lydie (Naomi Ackie) est en visite. On commence à peine à connaître chacun de ces personnages lorsqu'on frappe à la porte. Gavin (Lucas Hedges) reste dehors, perplexe, lorsque Lydie ouvre. Agnès se précipite pour faire comme s'il avait confondu sa maison avec la sienne, et ce n'était pas la première fois.

« Que Dieu bénisse ton âme perdue », dit-elle en le chassant.

L'intrigue de « Sorry, Baby » s'articule autour d'une expérience traumatisante vécue par Agnès, qui se déroule dans un chapitre intitulé « L'année de la mauvaise chose ». Mais il serait erroné de définir « Sorry, Baby » – ou son protagoniste – par cette « mauvaise chose ». Dans ce premier roman remarquablement abouti, les moments qui comptent sont ceux, drôles et tendres, qui persistent au milieu d'expériences plus cruelles.

Avant que le scénario de « Sorry, Baby » ne soit produit par Barry Jenkins, Victor improvisait et réalisait des vidéos humoristiques pour les réseaux sociaux. La façon dont elle a su canaliser son humour narquois et sa résistance inébranlable aux clichés fait de « Sorry, Baby » la révélation immédiate d'une voix nouvelle et désarmante.

Le film se déroule en cinq chapitres, retraçant cinq années de la vie d'Agnès, et est raconté hors chronologie. C'est en soi une façon de replacer le côté négatif de « Sorry, Baby » dans un contexte repensé. Stase, guérison et amitié constituent davantage le fil conducteur du film de Victor.

Le ton initial de « Sorry, Baby » est, d'une certaine manière, le ton dominant. Agnès et Lydie (une formidable Ackie) sont les meilleures amies du monde, dont l'alchimie est aussi naturelle que leur protection mutuelle. Lors d'un dîner avec leurs anciens étudiants en littérature, Lydie serre la main d'Agnès sous la table à l'évocation de leur ancien directeur de thèse.

Dans le deuxième chapitre, celui des « mauvaises nouvelles », on découvre pourquoi. Dans une école d'arts libéraux anonyme de Nouvelle-Angleterre, leur professeur, Preston Decker (Louis Cancelmi), est charmant et perspicace. Il reconnaît l'intelligence d'Agnès et semble la respecter, ce qui rend sa trahison d'autant plus bouleversante. Lorsque le lieu d'une de leurs réunions est déplacé à la dernière minute chez lui, la caméra de Victor attend dehors tandis que le jour cède la place à la nuit. Ce n'est qu'à la sortie d'Agnès, blême et horrifiée, que l'on la retrouve, montant dans la voiture et conduisant.

Après le viol, le traumatisme d'Agnès transparaît de manière imprévisible et à des moments inattendus. Avec Lydie. Lors d'une consultation médicale. Lors d'un jury. Avec un chat errant. Ces rencontres – parfois réconfortantes, parfois insensibles – sont à la fois la façon pour Agnès de gérer maladroitement ce qu'elle a vécu et la façon dont le film souligne la capacité de son entourage, ami ou inconnu, à faire preuve d'empathie. Plus émouvant encore, dans le chapitre « L'année du bon sandwich », John Carroll Lynch incarne un homme qui la surprend en pleine crise de panique et s'assoit gentiment avec elle sur un parking.

Agnès ne traite pas son expérience comme on pourrait s'y attendre d'un personnage de film – par exemple, par vengeance ou par catharsis soudaine. Son approche est une guérison sporadique, souvent absurde, qui consiste notamment à se rendre chez son voisin pour emprunter de l'essence à briquet. Lydie est essentielle. C'est à bien des égards le portrait d'une amitié, et d'une amitié particulièrement vécue. Ce n'est pas tant une histoire d'agression sexuelle. Tout comme Agnès résiste aux conventions avec sarcasme et autodérision, le film de Victor esquive les définitions qui accompagnent habituellement ce genre d'histoire. L'originalité devient une forme de survie.

« Sorry, Baby », sorti en 2012, est classé R par la Motion Picture Association pour son contenu et son langage à caractère sexuel. Durée : 104 minutes. Trois étoiles et demie sur quatre.

ABC News

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