Gamescom 2025 : licenciements et fermetures, mais plus de jeux que jamais

Depuis 15 ans, la Gamescom de Cologne est le thermomètre de l'industrie du jeu vidéo. Son audience est sans précédent : 335 000 visiteurs, près de 1 500 entreprises participantes et 230 000 mètres carrés de halls, avec leurs scènes colorées et leurs salles de réunion aseptisées.

L'édition de cette année regorgeait de nouveaux jeux vidéo prêts à capter l'attention des plus de trois milliards de personnes qui, selon le cabinet de conseil en marché Newzoo, constituent le public mondial des joueurs ; mais ce fut aussi une année d'incertitude en raison de la crise vieille de trois ans qui a entraîné des milliers de licenciements et de fermetures.

La Gamescom est un événement très important pour nous, non seulement elle nous permet de montrer nos titres à la presse, mais aussi de voir comment nos joueurs réagissent. Yoshinori Ishida, PDG de Capcom

L'une des entreprises qui a suscité le plus d'intérêt est le japonais Capcom, qui a dévoilé trois jeux qui se sont démarqués par la qualité de leur gameplay et leur spectaculaire visuel : le nouvel opus de la célèbre série Resident Evil , le jeu de science-fiction Pragmata et l'aventure de samouraï Onimusha . « La Gamescom est un événement très important pour nous. Elle nous permet non seulement de présenter nos titres à la presse et aux influenceurs, mais aussi de voir comment nos joueurs réagissent », explique son PDG, Yoshinori Ishida.

À l'heure où la viabilité des jeux vidéo à gros budget est remise en question en raison de leurs coûts de développement toujours plus élevés, ce dirigeant affirme qu'ils « continueront de se concentrer sur la commercialisation de blockbusters ». Parmi les autres grandes entreprises ayant joué un rôle important au salon, on peut citer Microsoft, qui a dévoilé sa gamme de consoles portables ROG Xbox Ally, commercialisée en octobre ; et Nintendo, qui a annoncé le retour de l'un de ses personnages préférés avec Kirby Air Riders, disponible en novembre.

Il y a plus de jeux que jamais et cela rend très difficile de se démarquer. Nami Hansen, développeuse de « Echoes of Mora »

C'est curieux, car le jeu qui a généré les plus longues files d'attente – jusqu'à trois heures – n'est pas un blockbuster, mais un titre indépendant : le très attendu Silk Song , du studio australien Team Cherry. Ces petites productions sont désormais en mesure de rivaliser avec les multinationales, même si une certaine inquiétude règne face à cette concurrence intense.

« Avec autant de licenciements et de fermetures, la situation est un peu effrayante, mais en même temps, il y a plus de jeux que jamais, et cela rend très difficile de se démarquer », explique Namin Hansen, une jeune développeuse basée à Berlin qui a profité de l'événement pour présenter son premier projet, une expérience sous-marine évocatrice intitulée Echoes of Mora.

Une autre jeune startup est le Catalan Oscar Villalobos, qui, avec son équipe Dust Games, a lancé Roombattle, un jeu de société amusant de bataille d'aspirateurs. « Même si la situation est compliquée pour les petits studios, l'un des points positifs de ce secteur est que personne n'a peur de s'exprimer ; nous sommes solidaires, ce qui nous permet de continuer à avancer », explique-t-il.

L’industrie du jeu vidéo est une industrie créative et elle traverse actuellement une phase de transition. Eva Gaspar Co-fondatrice et PDG d'Abylight Studios

Dans un secteur de plus en plus polarisé entre blockbusters à gros budget et jeux indépendants, il est difficile de trouver des entreprises de taille moyenne capables de survivre, mais elles existent toujours, comme le démontre Abylight Studios, basé à Barcelone. Sa cofondatrice et PDG, Eva Gaspar, estime que cette année, le salon « a retrouvé son niveau d'avant la pandémie et, s'agissant d'une industrie créative, traverse une phase de transition ». Pour cette dirigeante, qui participe à l'événement avec son équipe à la recherche de jeux à éditer, ces changements « sont en cours dans le secteur depuis sa création, et actuellement, tant les modèles économiques que le public lui-même évoluent, exigeant des jeux qui pourraient ne pas correspondre à l'offre des développeurs plus expérimentés ».